L’indexation automatique des salaires : comment ça marche ?
Lorsque les prix des biens et des services dépassent un certain seuil, appelé « indice-pivot », les salaires des travailleurs du secteur privé et de la fonction publique, ainsi que les prestations sociales (pensions, allocations de chômage, indemnités maladie, etc.) sont indexés automatiquement. En Belgique, pratiquement tous les salaires versés dans le secteur privé sont liés à l’inflation. Seules quelques petites commissions paritaires ne prévoient pas de mécanisme d’indexation des salaires, même si des accords peuvent être conclus au niveau de l’entreprise.
L’indexation des salaires est en quelque sorte une arme à double tranchant : si elle protège effectivement le pouvoir d’achat, elle contribue également à l’augmentation des coûts (salariaux) pour les entreprises. Si ces dernières répercutent à leur tour ces coûts sur leurs clients, cela risque de déclencher une spirale infernale.
Janvier 2023 : une indexation des salaires record
Un taux d’indexation soutenable économiquement parlant tourne autour des 2 %. Suite, notamment, au conflit opposant l’Ukraine à la Russie et à l’augmentation croissante du prix des produits alimentaires et de l’énergie, les prix des biens et des services se sont littéralement envolés l’an dernier. Conséquence : le 1er janvier 2023, plus d’un demi-million d’employés du secteur privé, relevant de la commission paritaire 200, ont vu leur salaire augmenter de 11,08 %. Concrètement, cela signifie qu’un employé percevant un salaire mensuel brut de 3 000 euros touchera désormais 3 332 euros.
Créez votre propre bouffée d’oxygène
Il va sans dire que ce surcroît de salaire est particulièrement bien accueilli dans le chef des travailleurs. Malheureusement, ce mécanisme ne s’applique pas aux indépendants. Or, ceux-ci sont également impactés par l’augmentation du coût de la vie et confrontés aux difficultés du quotidien.
En matière d’indexation, la loi ne mentionne aucune disposition particulière pour les tarifs horaires, journaliers ou forfaitaires. L’indexation éventuelle dépend de ce qui est prévu dans le contrat conclu entre le prestataire indépendant et le donneur d’ordre. Sachez cependant que les contrats de longue durée comprennent généralement une clause d’indexation, ce afin d’éviter de renégocier un nouvel accord chaque année.
Ajustement tarifaire pour entreprendre l’esprit serein
En tant qu’indépendant, c’est à vous qu’il revient de fixer vos tarifs. Par conséquent, c’est également vous qui décidez d’appliquer ou non une éventuelle indexation. De nombreux indépendants ignorent s’ils ont le droit d’augmenter leurs tarifs. Qui plus est, quitte à ajuster leurs prix, autant le faire en respectant les règles.
Soyons clairs : un ajustement tarifaire basé sur le long terme est parfaitement acceptable. Cela sous-entend en effet que vous pouvez poursuivre votre travail de manière durable, professionnelle et sereine, à la satisfaction de vos clients existants et à venir.
Le moment est peut-être venu d’envisager un ajustement tarifaire, a fortiori si votre dernière augmentation remonte à un certain temps. Avant de procéder, posez-vous les questions suivantes :
- À quand remonte ma dernière augmentation ?
- Le loyer de mes bureaux, de mes entrepôts ou d’autres installations a-t-il été indexé ?
- Dans quelle mesure les autres frais ont-ils augmenté ?
- Suis-je installé dans une région réputée pour être chère ?
- Est-ce que je fournis un produit de niche ou une prestation de service exclusive justifiant d’appliquer un prix élevé ?
Comment calculer votre ajustement tarifaire ?
Si, en tant qu’indépendant, vous souhaitez procéder à un ajustement tarifaire, il est judicieux de prendre l’indice-pivot comme base de calcul. Vous auriez en principe le droit de majorer vos prix de 2 % chaque fois que l’indice-pivot est atteint ou dépassé. Ces deux dernières années, ce phénomène s’est produit à sept reprises (en août et décembre 2021, et en février, avril, juillet, octobre et novembre 2022).
Traduit en chiffres, cela signifie que, depuis août 2021, vous auriez pu augmenter vos tarifs de 7 x 2 %, soit 14 %. Admettons qu’en août 2021, votre tarif horaire était de 60 euros. Selon ce calcul, vous pouvez désormais facturer 68,40 euros l’heure.
Nous vous conseillons toutefois de consulter votre comptable à propos de ce calcul, afin que vous puissiez déterminer et analyser ensemble les frais qui ont flambé ces dernières années.
Informez vos clients de la hausse de vos tarifs
Comment annoncer à vos clients que vos prix augmentent ? Et, surtout, comment leur faire accepter votre décision ?
L’une des pistes possibles consiste à faire la distinction entre anciens et nouveaux clients. En ce qui concerne les clients existants, vous pouvez choisir de maintenir les prix inchangés ou leur annoncer une hausse de tarif à terme. Un geste commercial que les clients fidèles apprécieront à sa juste valeur.
Si, pour justifier une hausse de tarif, vous utilisez l’argument irréfutable du dépassement de l’indice-pivot, la plupart de vos clients se montreront probablement compréhensifs et la pilule aura moins de mal à passer.
Pour ce qui est des clients récents, vous pouvez leur communiquer d’emblée votre nouveau tarif, tout en précisant qu’il s’agit de prix indexés.
Nous vous souhaitons beaucoup de succès !